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Noël, neuf mois plus tôt… - Conte de Noël 2021 - 2ème Partie.

Publié le : 25/12/2021 15:58:54
Catégories : Contes & Fables Rss feed

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Noël, neuf mois plus tôt…

 
Conte de Noël 2021 - Pour le 25 Décembre 2021

2ème Partie

Suite de la 1ère Partie

(NB: Il est conseillé de lire d'abord la première partie!)

Le baron demanda:

- Voudrait-il vous épouser, maintenant?

- Dans l’ordre des choses, n’est-ce pas plutôt plutôt à l’homme de poser la question?

- Oui, bien sûr… Pour cela il faudrait, toutefois, qu’il se trouve en face de vous… Que lui répondriez-vous s’il vous demandait de l’épouser?

- Oui!, répondit-elle, sans réfléchir, en un élan.

- C’est tout ce que je voulais savoir. Il faut donc le contacter!

- Le contacter!? Mais je ne sais pas où il est!?

- Quel est son nom?

- Sylvain.

- Sylvain comment?

- Comment?

- Oui, quel est son nom de famille?

- Euh… Je ne sais pas!

Le baron poussa un soupir, ses sourcils se soulevèrent et il regarda le plafond.

- Où habite-t-il?

- Euh… Je ne sais pas!

De nouveau, le baron soupira, ses sourcils se levèrent, et ses yeux re-fixèrent le plafond.

- Vous avez son numéro de téléphone?

- Non.

- Une indication pour le re-trouver? Une carte de visite. Quelque chose?

- Non... Rien.

- Et lui connaît-il votre nom, votre adresse de l’époque, donc celle de vos parents?

- Non!

Le baron était médusé. Marie songea que si Sylvain lui avait indiqué son prénom, elle ne lui avait rien dit. Il ne savait même pas qu'il s'appelait Marie.

Un silence s’instaura. Que faire?

Après quelques minutes au cours desquelles Marie demeurait, sans mot dire, contrite, en face de lui, pris d’une inspiration subite, le baron se redressa soudainement. Il se leva et dit:

- Vous devez retourner sur le lieu de votre rencontre!

- ...  ...

- Oui, reprit-il, vous devez retourner où vous avez rencontré Sylvain! Seulement vous pourrez le revoir ou, tout au moins, retrouver sa trace!

- À quel moment?, demanda Marie.

Oui, quelle probabilité y avait-il que Sylvain revienne sur le lieu même de leur rencontre? Et, si cela devait se faire – la question était judicieuse –, à quel moment privilégié pour cela était-il susceptible d'y revenir? Si la rencontre de Sylvain et de Marie avait été un miracle, pouvait-il y en avoir un deuxième?

Le baron demanda:

- À quelle date a eu lieu votre rencontre avec Sylvain?

Réjoui de pouvoir répondre enfin quelque chose de précis, Marie dit:

- Cela je le sais, car je me souviens que c’était … la Sainte Bénédicte!

Le Baron de Talensac déclara:

- Cela nous rappelle que, quelles que soient les circonstances, chaque naissance est à considérer comme un bienveillant Don de Dieu.

Puis, regardant son calendrier, le baron ajouta:

- Voyons, voyons..., la sainte Bénédicte c'est le 16 Mars. Par conséquent, votre bébé devrait être né une dizaine de jours avant Noël. Par conséquent, le bon jour pour aller à votre rendez-vous avec votre amoureux, le père de l’enfant, ce serait bien … le Jour de la Fête de l'Amour, donc ... Noël! Êtes-vous d’accord avec cela?

Le raisonnement semblait imparable. Personne ne pouvait contredire que la Fête de l'Amour, c'était Noël ... et, du reste, réciproquement!

C'est sans doute pourquoi Marie s'entendit répondre:

- Euh … Oui!

- Très bien, conclut le baron, je vous y conduirai. S’il est là et qu’il est d’accord de vous épouser, alors … je vous garderais comme ma secrétaire!

Pour le baron, la question était donc réglée, tout au moins jusqu’à Noël. Il ne pensa même pas que si Marie se mariait, cela changerait complètement sa situation, de sorte qu’elle pourrait préférer aller vivre avec son mari, ailleurs qu’à «La Gentilhommière»

Quant à Marie, elle ne voulait rien supposer, juste vivre au présent, en pensant que, si elle pouvait rester au service du baron, son enfant aurait un toit pour naître et grandir…

Les jours et les semaines s’écoulèrent paisiblement de la saison des vendanges auxquelles marie participa, jusqu’à Décembre. Malgré la rigidité dogmatique de sa croyance chrétienne, Marie appréciait toujours plus la bonté et la prévenance du Maître de la Gentilhommière, qui lui offrait un cadre idéal pour la préparation de l’heureux événement qu’elle attendait…

Il avait même pensé au berceau, confectionné par le maître charpentier de «La Gentilhommière», berceau qu’il fit placer dans l’appartement de Marie à l’occasion de la Saint Nicolas, le 6 Décembre.

Il y a juste une chose à laquelle il n’avait pas pensé… Nous étions arrivés à la mi-Décembre et l’enfant tant attendu, lui, n’était pas encore arrivé. Jusqu’au 20 Décembre le baron ne s’en inquiéta pas, et, du reste, Marie – la principale intéressée! – non plus. Mais, à partir du 21/12, une inquiétude commença à se faire jour, tant chez l’un que chez l’autre…

En effet, la Nuit de Noël, la Nuit Sacrée, n’était plus qu’à à peine plus de trois jours. Et comment Marie pouvait-elle se mettre sur les routes, enceinte, sans savoir où le bébé allait naître?

Le 22 arriva, puis le 23, puis ce fut le matin du 24. À part le ventre bien rond de Marie, aucun autre signe flagrant n’indiquait encore que le bébé allait arriver… Fallait-il renoncer au voyage prévu dans la forêt de la rencontre?

Pour la première fois depuis qu’il l’y avait introduite, contrairement à ses habitudes, vers 10 Heures, au lieu de la faire venir, le baron Benoît de Talensac alla lui-même frapper à la porte de Marie.

Surprise, elle ouvrit la porte et le fit entrer dans son petit salon. Bien qu’il lui avait fourni un appartement parfaitement aménagé, il fut agréablement surpris de voir – outre que l’état d’ordre et de propreté du lieu était absolument impeccable – comment elle avait encore embelli le lieu en modifiant la disposition de quelques meubles, en y ajoutant des rideaux, des peintures et divers objets personnels, notamment des statues en bois d'olivier représentant des scènes de la Vie de Jésus.

Elle lui présenta le meilleur fauteuil de la pièce. Le baron  remercia, s'y assit prit la parole:

- Nous sommes le 24 Décembre, premier jour de Noël. C’est pourquoi j’ai exceptionnellement pris la liberté de vous rendre visite directement à votre appartement. Certes, tout d’abord, pour vous souhaiter un Joyeux Noël, mais aussi pour vous rappeler que c’est ce soir que vous avez rendez-vous avec … Sylvain! Êtes-vous prête pour le voyage?

- Euh… Oui!

- À quelle distance sommes-nous de ce bois si spécial?

- Une bonne trentaine de kilomètres.

- Saurez-vous nous y conduire?

- Oui.

- En ce cas, étant donné que nous sommes encore tout prêts du solstice d’hiver, afin d’arriver de jour, nous partirons en milieu d’après-midi. à 15 Heures 15 la voiture sera au pied des marches du grand escalier.

Lors du repas de midi pris en commun, sur un ton se voulant détaché, avec un sourire un peu contraint, le baron dit:

- Votre bébé n’a pas l’air très pressé de venir dans notre monde. Il a déjà attendu jusqu’à aujourd’hui, il attendra bien quelques jours de plus, que nous soyons de retour…

Marie ne répondit pas, si ce n’est par un sourire.

Après le repas, elle se prépara pour le voyage. Elle était un peu anxieuse, non à cause du bébé, mais en se demandant si, par miracle, Sylvain serait présent au rendez-vous pour lequel, dans le terrestre, il n’avait reçu aucun carton d’invitation. S’il n’était pas là, quelle serait la réaction du baron? La congédierait-il?

À 15H00 Marie, avec sa mallette de voyage, était déjà à côté de l’automobile du baron, qu’il avait prévu de conduire lui-même. C’était une berline - conduite intérieure - avec des fauteuils recouverts de cuir, d’un sobre gris métallisé, éventuellement décapotable.

Il la fit monter à l’avant et prit la place du chauffeur. À 15H15 l’on put entendre le bruit du moteur démarrant, après qu’il eût tourné la clef de contact.

Sur une bonne partie du trajet, la route longeait la voie de chemin de fer par laquelle Marie était arrivée jusqu’à La Gentilhommière. Ses pensées revenaient vers sa ville natale, ses parents et leur auberge sur la place du village, son enfance et son adolescence, et aussi, bien sûr, vers … son Amour d'un soir ... Sylvain!

En chemin, tout en conduisant, le baron lui demanda:

- Avoir une relation avec un homme sans être mariée, cela ne vous pose pas problème?

Marie répondit:

- La seule chose qui pourrait me poser problème c’est une relation sans Amour.

Le baron:

- Est-il possible d’aimer quelqu’un que l’on n’a vu qu’une seule fois?

Marie:

- Oui. C'est possible. C’est ce que j'ai vécu.

Le baron:

- Pensez-vous qu’un Chrétien ou une Chrétienne puisse avoir une relation charnelle en dehors du mariage?

Marie:

- Je crois que St Augustin – l’un des principaux "Pères de l’Eglise", n'est-ce pas? – a parfaitement répondu à cette question.

Après un silence, le baron:

- Et quelle est la réponse de St Augustin ?

Marie:

- Aime et fais ce que Tu veux!

Le baron ne répondit plus rien.

Après deux arrêts pour se dégourdir les jambes et admirer le paysage, Marie reconnut son village d’origine avec son clocher au détour d’un virage. Avant d’y entrer, partait, sur la droite, le chemin conduisant vers le bois où elle avait rencontré Sylvain.

Elle dit:

- C’est ici, il faut tourner à droite.

Le baron s’engagea sur la droite et s’arrêta, quelques centaines de mètres plus loin, sur le bord du chemin, à l’orée du bois. Puis il descendit et alla ouvrir la portière de Marie…

Bien emmitouflée dans son châle, elle descendit alors de la voiture.

Le baron lui dit:

- Je ne rentrerai pas dans le bois. Le village n’est qu’à quelques centaines de mètres. Je vous attendrai au village. Indiquez-moi un endroit.

- À côté de la fontaine. Il y a une auberge-restaurant en face. Ainsi vous ne serez pas dehors et aurez chaud.

- D’accord! Si je vous vois pas à 1 Heure, alors je reviendrais vers le bois et me garerais, de nouveau, ici…

- C’est entendu. J’espère que vous n’aurez pas entrepris ce voyage en vain.

- Je l'espère aussi, pour vous.

Ils se séparèrent. Elle marcha vers le bois, avec sa mallette à la main, tandis qu’il manœuvrait pour faire demi-tour et partir en direction du village…

Marie marchait vers le bois... Elle se rappelait que, la dernière fois qu’elle avait marché vers le bois, elle portait une cruche contre sa poitrine. Cette fois, elle portait une mallette … avec dedans de la layette!

Avait-elle vu le jeune randonneur qui attendait l’eau, après elle, à la fontaine? Oui, même si rapidement, elle l’avait vu. Était-ce pour cela - et donc pour lui! - que, de façon incohérente, au lieu de ramener aussitôt la cruche d’eau vers l’auberge de son père toute proche, elle était partie en direction du bois? Oui, c’était pour cela! Oui c’était pour lui!

L’attendait-elle, lorsqu’elle s’était assise sur une pierre moussue au pied du grand chêne? Oui, elle l’attendait! Là, ici et maintenant. Elle était là pour lui, et lui était venu pour elle.

Tout en se remémorant ce moment décisif de sa vie, elle était entrée dans le bois. On l’appelait le «Bois du Poète». Il aurait pu aussi s’appeler le «Bois d’Amour». Après quelques centaines de mètres, elle aperçut la pierre moussue où elle s’était assise au pied du grand chêne. De nouveau, elle s’y assit pour attendre l’élu de son cœur…

Ce n’est, toutefois, pas lui qui arriva sur le moment, mais plutôt le fruit généré par sa semence. En effet, alors qu’elle était assise sur la pierre moussue depuis seulement quelques minutes, Marie sentit qu’elle perdait les eaux… Le bébé allait arriver!

Elle avait bien fait de prendre tout le nécessaire dans sa mallette, mais ce qu’elle n’avait pas prévu c’est qu’elle serait seule en ce moment crucial, et elle n’avait aucun moyen de joindre le baron. Elle ne sentait pas non plus qu’elle devait essayer de gagner le village. Alors, elle se rendit, derrière elle, au-delà de l’épais fourré où avait eu lieu son étreinte avec Sylvain.

Après quelques pas, elle retrouva l’endroit facilement. Il y avait un endroit dégagé moussu et feuillu, sans épines, invisible du chemin, qui ferait l’affaire… Elle installa une couverture en laine sur le sol, se couvrit avec une autre et se prépara pour faire face aux contractions qui avaient commencé et allaient, de plus en plus, se rapprocher…

La nuit tombait, elle n’avait pas de lampe avec elle, mais un clair de Lune arrivait à filtrer à travers la clairière, répandant une très légère clarté…

Elle était là depuis plusieurs heures et les contractions étaient devenues toujours plus fréquentes et plus fortes… Elle n’était pas inquiète mais aurait quand même apprécié avoir de l’aide en un tel moment. D’instinct, elle se mit en position accroupie, regardant vers la Lune… Elle sentait que son col se dilatait et que le bébé allait arriver…

Bien qu’il n’y eut manifestement aucune autre présence à des centaines de mètres à la ronde, elle s’efforçait de demeurer discrète et silencieuse. Malgré tout, à l’occasion d’une contraction particulièrement forte, elle ne put s’empêcher de retenir un cri…

À cet instant précis, il était Minuit, derrière son dos deux bras chaleureux l’entourèrent et la serrèrent vigoureusement contre une poitrine virile. Incroyable! Même sans le voir, Marie reconnut son odeur et son étreinte… c’était Sylvain!

Elle s’écria:

- Sylvain!

Il se plaça devant elle. À la clarté lunaire elle reconnut ses traits, ses yeux, sa barbe. Aucun doute, c’était bien lui ! Un vrai miracle !

- Marie, dit-il, je suis là!

Sur le moment elle ne réfléchit pas au fait qu’il l’avait appelé «Marie», mais, par la suite, en y repensant, elle en fut étonnée, parce que – selon son souvenir – lors de leur première rencontre, il ne lui avait demandé ni son nom ni même son prénom.

Plus tard, lorsqu’elle lui demanda comment il savait qu’elle s’appelait Marie, il lui avait répondu:

- La nuit, j’ai entendu Ton âme appeler mon âme par mon prénom Sylvain – je savais que c’était Toi! –, et je me suis entendu Te répondre en Te disant: «Marie, je suis là!». C'est comme cela que j'ai su que Tu T'appelais Marie!

Dès lors où Sylvain fut présent et que, de ce fait, elle ne craignait plus pour le bébé, cela alla très vite! Elle accroupie, lui à genoux devant elle, à la faveur d’une forte contraction, elle poussa le plus qu’elle pouvait en poussant un grand cri et la Loi de la Pesanteur fit le reste! Comme un fruit mûr tombe de son arbre, le bébé tomba, la tête la première, dans les mains ouvertes de Sylvain.

C’était un garçon! Il était 12H21. Sylvain vit une étoile filante au-dessus de la tête de Marie. Tout était parfait. Marie emmaillota aussitôt le bébé et le serra contre elle. Il était important que le bébé soit gardé au chaud, car, même s’il ne faisait pas très froid, en ce 25 Décembre il ne faisait quand même pas très chaud! Marie avait aussi pensé aux ciseaux. Après un quart d’heure, Sylvain coupa le cordon.

Soutenue par Sylvain, Marie se leva, son bébé contre elle. Ils marchèrent lentement vers l’orée du bois. De sa main gauche libre, Sylvain portait la mallette de Marie, dont le contenu s’était révélé des plus utiles.

Depuis son premier passage par le Bois du Poète Sylvain avait troqué son sac à dos contre une petite automobile. Elle était certes plus modeste que celle du baron, mais, pour Marie et le bébé c’est tout ce qui faillait…

Marie expliqua à Sylvain qu’elle avait été amenée là, à leur rendez-vous, par son patron, le baron Benoît de Talensac, et qu’elle devait le retrouver devant la fontaine du village, celle-là même où leur histoire avait commencé…

Au village, le baron Benoît de Talensac avait rapidement repéré la fontaine, qui se voyait comme le nez au milieu de la figure. Et aussi, juste en face, l’auberge, qui s’appelait, du reste «Auberge de la Fontaine». Sachant que l’attente durerait probablement plusieurs heures, il était entré à l’auberge et avait commandé un bon repas de Noël, avec dinde, bûche et vin mousseux…

C’était l’épouse du patron qui faisait le service. Exceptionnellement, du fait que c’était Noël, il y avait aussi un concert avec une chorale chantant des cantiques de Noël, de sorte que l’auberge restait ouverte jusqu’à la fin du concert, vers 1 heure du matin, et ça tombait très bien!

Lorsque Sylvain et Marie arrivèrent sur la Place de la Fontaine où, neuf mois plus tôt, ils s’étaient rencontrés, ils ne virent pas le baron devant la fontaine, mais leur attention fut rapidement attirée par les bribes de cantiques de Noël qui arrivaient jusqu’à la fontaine. Sylvain gara la voiture à proximité de l’auberge, et ils sortirent.

S’approchant de l’Auberge de la Fontaine, ils se rendirent compte que la chorale était juste en train de chanter: «Il est né le Divin Enfant, Jouez hautbois, résonnez musettes, Chantons tous son avènement…».

Sylvain attira Marie avec leur bébé à l’intérieur. C’est à peine, en tirant Marie par le bras, s’il se rendit compte de la légère réticence qu’elle manifesta. Passé cet instant d’hésitation, Marie s’abandonna volontiers à ce qui se présentait à elle. Du reste, il se trouvait qu’en ce moment elle avait grandement besoin d’un bon lit chaud, pour elle et son bébé, sous la protection du père de l’enfant.

Ils entrèrent dans l’auberge… Là ils virent, dans le fond de la salle, la chorale en train de chanter sur une estrade aménagée pour la circonstance. Mais surtout, Marie vit, en premier lieu, le baron encore installé à sa table qui, avec une satisfaction évidente, tout en sirotant un bon cru, profitait du concert. Puis, elle vit aussi, la serveuse – sa mère Anne-Marie – s’approcher de la table du baron pour s’enquérir de ses éventuels désirs, bientôt suivi par le chef en personne – son père Joachim – venu lui-même vérifier dans la salle si le menu spécial Noël avait bien convenu aux convives.

Ce qui se produisit ensuite, après que le regard du baron ainsi que, par ricochet, celui de la mère et du père de Marie se soient portés vers les trois nouveaux arrivants, est absolument indescriptible! Les cris de surprise et de joie, en présence de tous les autres convives, éclatèrent au moment même où la chorale s’apprêtait à entonner l’Allelluia du Messie de Haëndel.

Le baron de Talensac découvrit alors que – ô stupeur! – sans le savoir, il avait pris son repas de Noël chez les parents de sa jeune secrétaire!, mais surtout il découvrit que le bébé de Marie était né et il comprit que l’homme qui était avec elle était Sylvain, le père de l’enfant de Marie, qui, neuf mois plus tôt, l’avait engendré à seulement quelques centaines de mètres d’ici.

Quant aux père et mère de Marie, ils revoyaient enfin leur fille chérie, dont, avec inquiétude, ils n’avaient pas de nouvelles depuis des mois, et ils la revoyaient avec ce qui semblait être son mari et leur nouveau-né. Que de clameurs, que d’émotions!

Sylvain voyant que Marie ne tenait presque plus debout, demanda une chambre pour elle, ce que son père et sa mère s’empressèrent de lui fournir. D’ailleurs, il n’y avait même pas besoin d’une chambre de l’auberge, car la chambre de jeune fille de Marie était toujours prête à l’accueillir!

Ils y montèrent aussitôt, tout en promettant aux parents et au baron qu'ils auraient toutes les explications désirées le lendemain matin de Noël.

Du coup, le baron de Talensac, qui, au départ, avait prévu de rentrer dans sa gentilhommière, prit aussi une chambre à l’auberge, afin de ne rien manquer du récit qui auraient lieu le lendemain matin. Il savait maintenant qu’il pourrait garder Marie, mais il comprenait aussi soudainement que, pour la même raison, il pourrait aussi la perdre! Que déciderait Sylvain? Que déciderait Marie en fonction de Sylvain? A près de deux heures du matin, ce n’était pas le moment le plus approprié pour en parler!

Les parents de Marie, tout d’abord interloqués de la voir avec un bébé et un compagnon si vite, alors qu’ils ne savaient même pas qu’elle était enceinte, étaient, en fait, tellement réjouis de la revoir qu’ils en oublièrent de se formaliser.

L’Allelluia du Messie de Haëndel était le clou du spectacle de Noël. Lorsque le dernier Alleluia eût retenti la chorale se dissipa, les derniers clients aussi, le patron ferma l’auberge, et tout le monde alla dormir. C’était aussi une bonne manière de mettre à profit la Sainte Nuit

Dans le cœur de Marie et de Sylvain, avec leur bébé entre eux deux – qu’ils décidèrent alors d’appeler «Aimé» –, s’élevait, par-dessus tout, la Prière de Glorification du Seigneur de tous les Mondes, qui a fait des Lois permettant à tous les êtres humains de toujours récolter les fruits de leurs semences:

 «Gloire à Dieu au plus haut des Cieux!».


Epilogue


Après la matinée, passée à l’Auberge de la Fontaine, le lendemain midi, Marie et Sylvain dinaient, en tant que ses hôtes, à la table du baron de Talensac, à La Gentilhommière.

Au cours de la conversation, il apparut que le baron, du fait que son vieux régisseur prenait sa retraite, avait aussi un poste de régisseur pour Sylvain et que celui-ci était vivement intéressé par la place.

Du coup, il vint rapidement s’installer, lui aussi, à La Gentilhommière, et, dès la semaine suivante, les fiançailles entre Marie et Sylvain furent rapidement célébrées, bien sûr, en présence des parents de Marie, avec comme officiant l’Archiprêtre Courtin, dans la chapelle du Château.

Ce fut le 16 Mars de l’année suivante, la date anniversaire de leur mémorable rencontre, que leur mariage fut célébré, toujours avec les bons offices de l’Archiprêtre Courtin, toujours dans la chapelle du Château. Le même jour, le jeune Aimé fut également baptisé en tant que nouveau membre de la Communauté Chrétienne.

Outre les jeunes mariés, le Baron Benoît de Talensac était particulièrement réjoui de ce dénouement. Maintenant qu'elle était non seulement mère de famille mais aussi mariée, il pouvait, en plus d'un excellent nouveau collaborateur, aussi, en tant que sa secrétaire, garder sa chère Marie auprès de lui! Le jour où il l'avait appris, c’était le plus beau Noël de sa vie, qu’il avait alors vécu!


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2 commentaires

Nicolas V.


27/12/2021 10:13:21

Merci pour ce conte vibrant dans les Lois de la Création ce qui devient de plus en plus rare à l'époque actuelle!

PHC


26/12/2021 11:00:26

C'est très joli! "Le monde a besoin d'histoires ayant une fin heureuse." "Nosso Lar" ("Notre Demeure") (Film Brésilien sur la vie dans l'au-delà.)