"Les religions? Je ne suis d'aucune, je suis de toutes!"

- Victor Hugo -

La question

L’Œuvre du Graal sur la Terre doit-elle avoir une forme unique ou être au contraire multiforme?

L'appartenance et la non-appartenance

S'il est des êtres qui sont fiers de leur appartenance, il en est d'autres qui sont encore plus fiers de leur non-appartenance. Ils disent:

"Je suis un homme libre: je n'appartiens à rien!".

Ou encore:

"Je ne fais partie d'aucune religion, d'aucune église, d'aucune association, d'aucun parti, d'aucune organisation.".

A ce sujet, lorsque l'on demandait au poète Alphonse de Lamartine où il siégeait à l'Assemblée, en tant que député: "A droite ou à gauche?", il répondait: "Au plafond!".

Il y a aussi ceux qui, en politique, font partie du parti ... d'en rire! Cela est très amusant, mais est-ce bien sérieux?

En ce qui concerne le Graal, l'un de mes amis me déclara, un jour, que de même qu'il n'existe qu'une seule Force il ne devait y avoir qu'une seule organisation terrestre incarnant la Vérité; pour lui: le Mouvement International du Graal!

Ceci est évidemment très sécurisant: La conscience d'appartenir à une organisation censée être la détentrice exclusive de la Vérité et de la légitimité a quelque chose de très rassurant. Reste à savoir si ce sentiment de bienheureuse sécurité est fondé ou non?

La scission du Mouvement International du Graal intervenue depuis lors (en 1998) semble avoir répondu toute seule à cette question...

Pourtant ceux qui forment "le Peuple de Dieu", «Ce ne sont pas ceux qui disent: "Seigneur, Seigneur!"», déclara Jésus, «mais ce sont qui font la Volonté de Mon Père Qui est dans les Cieux.».

Jésus n'a pas fondé de religion ni d'église, ni la religion catholique ni une autre, Abdrushin non plus, ni le Mouvement International du Graal ni un autre.

Contenu et forme

Un petit garçon aimait la Lumière; il voulait donc qu'elle lui appartienne, qu'elle soit à lui. Afin de se l'approprier, il prit une boite, l'orienta vers le Soleil; lorsqu'il vit les rayons pénétrer dans sa boite, il fut satisfait et referma le couvercle, persuadé d'avoir enfermé la Lumière à l'intérieur. Lorsqu'il alla dans une profonde caverne pour cacher son trésor et qu'il rouvrit le couvercle de la boite pour le contempler, il s'aperçut, à son grand désappointement, que l'intérieur de celle-ci baignait, comme la caverne, dans une complète obscurité.

Une religion, une église, une organisation confessionnelle, un mouvement spiritualiste qui prétend détenir à lui seul la Lumière de la Vérité agit exactement comme ce petit garçon. Vouloir enfermer la Lumière, c'est Lui fermer sa porte et, par présomption (Dünkel), s'enfermer soi-même dans les ténèbres (Dunkel).

"Le Soleil brille pour tout le monde", dit le proverbe. À partir du moment où l'on renonce à s'enfermer soi-même ou à enfermer la Lumière de la Vérité dans une forme, toutes les formes peuvent devenir bonnes et utiles, car il n'y a pas, sur la Terre comme dans toute la Création, de contenu sans contenant pour le contenir, donc sans forme.

Mais, de même que le même Élixir de Vie peut être contenu dans des verres aux formes très variées, de nombreuses formes peuvent servir de support et de contenant à la Vérité. Car les formes sont plus que bonnes et utiles: elles sont indispensables. Car si l’Élixir de Vie est versé hors de son verre, il se répand sur le sol et s'y perd.

C'est exactement pareil que pour le Message du Graal lui-même, qui offre une ou même plusieurs formes à la Parole Vivante. Sans la forme offerte par les mots, comment la Parole aurait-elle pu s'incarner sur la Terre et nous devenir accessible?

Un enseignement fondamental - à vrai-dire, ils le sont tous! - dit ceci: C'est en prenant la forme humaine qu'un germe d'esprit accède progressivement à la conscience jusqu'à la pleine conscience de soi. Prendre forme et prendre conscience vont de pair; l'un ne va pas sans l'autre.

C'est sans doute bien pourquoi le grand Victor a bien dit en proclamant: "Les religions: je ne suis d'aucune, je suis de toutes!". Car, en disant cela, il témoignait de son état d'authentique sachant: En refusant de s'enfermer dans une seule religion, il témoignait de son ouverture et de la vitalité de son esprit; en refusant le refus stérile de toutes les religions et donc de toutes les formes, il déclarait son appartenance à ce qu'elles ont toutes en commun et qui les dépasse toutes: la reconnaissance de la Transcendance, c'est-à-dire de l'Existence et de la Perfection du Créateur.

Celui qui s'enferme dans une forme, tout comme celui qui se vante de n'appartenir à rien, devraient prendre de la graine car les deux sont, autant l'un que l'autre, éloignés de l'attitude juste.

Car l'attitude juste ne réside certainement ni dans l'appartenance exclusive - ce qui éteint la Lumière de la Vérité en l'enfermant - à quelque chose, ni dans l'appartenance à rien - ce qui prive de racines celui qui se refuse ainsi au risque de lui-même l'asphyxier - mais réside bien plutôt dans le fait d'appartenir à tout! Ce qui confère richesse et universalité.

"L’on ne doit pas dire: "Dieu est dans mon cœur", mais bien plutôt: "Je suis dans le Cœur de Dieu"!".