Les Moissons du Ciel
Roman de Joël Eudes

Les Moissons du Ciel
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Un extraordinaire roman - avec un roman dans le roman - sur l'époque que nous vivons présentement, d'une fulgurante Beauté, d'une impressionnante poésie, avec une incroyable floraison d'évocatrices images et une description circonstanciée des Evénements de la Fin... Mais combien pourront encore, avant l'arrivée de l'Etoile, en goûter, tel Merlin dans le Val sans Retour, l'âpre Beauté et la prophétique Lucidité?
Le roman de l'Eté, sans aucun doute! Etonnant que l'Académie Goncourt ne l'ait pas encore découvert!
Début du récit:
Joël EUDES
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LES MOISSONS DU CIEL
A ma mère... A ma femme... A ma fille...
Ce livre est un roman, cependant toute ressemblance avec des lieux, des personnages,
des événements qui ont existé ou qui existeront n'est pas totalement à exclure.
«Car ce seront des jours de vengeance pour l'accomplissement de tout ce qui est écrit.»
- Luc XXI-22 -
Le cheval de Merlin l'Enchanteur galopait depuis plusieurs heures déjà tandis que son cavalier se laissait mener avec cette espèce d'indolence qui est la sœur du sommeil. Merlin qui n'ignorait certes rien des secrets que le ciel dérobe au commun des mortels, aurait bien aimé croire que le hasard seul guidait en ce moment les pas de sa monture. Mais, doué d'un sens étranger aux autres hommes, comment n'eût-il pas deviné que le mouvement irrémédiable de sa destinée réglait en cet instant le trot de l'animal! D'ailleurs, il savait trop bien qu'il n'échapperait plus maintenant aux forces fatales qui refluaient vers lui: au fil de chacune de ses pensées, Merlin avait tissé la toile de la prison où il allait bientôt se jeter comme un insecte aveugle. Il avait tant aimé la science? qui faisait de lui un dieu adoré des mortels, qu'il avait presque fini par oublier cette mission sublime à laquelle, par un de ces décrets insondables des puissances célestes, il se savait promis sur cette Terre.
Il revoyait maintenant les années passées, son enfance, ces dons extraordinaires et précoces qui, de bonne heure avaient fait de lui l'objet des louanges et de l'adulation des foules. Mais il ne comprenait plus: pourquoi s'était-il tu? Pourquoi n'avait-il pas déchargé son âme de ce fardeau qui pesait aujourd'hui sur sa vie et lui barrait la gorge comme un sanglot étouffé? Son orgueil lui faisait honte, cet orgueil qui, chaque fois qu'il avait essayé de parler à la cour du roi Arthur avait sonné comme un clairon, couvrant cette petite voix flûtée qui chuchotait en lui comme une messagère du ciel. Pourtant la tâche n'était-elle pas merveilleuse? Il devait être l'Annonciateur des Temps Nouveaux, l'Hermès au pied ailé proclamant parmi ses semblables la venue de l'Envoyé! Mais il avait eu peur, peur que la vérité rebutant les hommes lui fît perdre à jamais le prestige dont il jouissait parmi eux. Merlin était maintenant un homme avoisinant la trentaine, sorte de géant des montagnes dont la constitution robuste et virile contrastait étrangement avec cette espèce de délicatesse presque féminine qui prêtait à chacun de ses mouvements une grâce indéfinissable. Son regard avait la profondeur de ces lacs où les cieux chavirant à l'infini font et défont, tel un peuple de rêves fugitifs, une architecture nuageuse que les quatre horizons écartèlent sans cesse. Quant à sa voix, on la sentait vibrer de cet éclat qui communiquait à ses paroles une majesté suprême.
L'Enchanteur parvint bientôt à l'orée de Brocéliande. La forêt s'étendait devant lui baignée d'une lumière qui ne semblait appartenir ni à l'astre des jours ni à l'astre des nuits. Cette végétation luxuriante, moutonnant à perte de vue ne paraissait pas avoir d'autre source de luminosité qu'elle-même. C'était comme un charme invincible fascinant le visiteur, une sorte d'appel inconnu qui faisait battre le cœur du cavalier comme jamais il n'avait battu jusqu'alors. Sans plus résister, il s'enfonça dans les profondeurs de Brocéliande. Un souffle animait la forêt tout entière d'une vie sourde et fantomatique comme l'âme des chênes morts répandue parmi le parfum des feuilles. Le cheval trottait de ce pas élastique et rapide qui n'appartient pas à la lourde pesanteur terrestre; derrière lui la forêt refermait en frissonnant ses membres de feuillage.
Après avoir erré longtemps Merlin parvint à un endroit si profond, si inextricable, qu'on l'appelait alors le Val-sans-Retour. Non loin de là coulait une fontaine où nageait dans un murmure soyeux de robe froissée, tout un peuple de joyeuses ondines. C'était la fontaine de Barenton. Site enchanteur que les gnomes animaient d'une existence fugitive et maline. Les petits génies étaient là comme en villégiature, veillant sur la croissance des fleurs, des arbres et de la moindre fraise des bois: tout un univers enchanté, loin des solitudes que peuplent les hommes dédaigneux! Merlin connaissait bien la nature aussi ne restait-il pas, comme la plupart des chevaliers, aveugle et sourd aux ébats de ces petits êtres que les anciens prenaient pour des dieux. Il lui arrivait même de s'asseoir et de parler avec eux durant des heures...
Le fil conducteur du roman - qui est aussi une poétique histoire d'amour entre Yohann et Vanessa -, c'est l'attente, par ce couple d'astronomes scrutant le ciel, de l'arrivée de l'Etoile, la Grande Comète, dont l'apparition dans le Ciel doit annoncer le commencement de la phase finale du Jugement Dernier sur la Terre...
Les initiés ne manqueront pas de reconnaître, dans le personnage de Monsieur Noé, l'écrivain écologiste qui, lui aussi, à sa manière mais de façon non romancée, a annoncé l'arrivée de l'inéluctable Grand Virage...
Les Moissons du Ciel