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La Procession de Noël - Conte de Noël 2018

Publié le : 21/12/2018 15:30:02
Catégories : Contes & Fables Rss feed , Littérature Rss feed


La Procession de Noël


Conte de Noël 2018

 

Dans la petite ville de Saint Erwan il y avait une très belle église de granite rose au milieu du village, avec, devant son porche, en ce temps de l’Avent, une Crèche de Noël.

Selon la Tradition, chaque année, le Jour de Noël, le curé organisait une Procession de Noël, la statue de l’«Enfant Jésus» portée en tête, suivie de celles de tous les autres protagonistes de la crèche, Marie et Joseph, bien sûr, mais aussi, bien évidemment, les bergers, les Rois Mages, le bœuf et l’âne, et toute une série de moutons, chameaux, et autres animaux domestiques, un cortège qui, après avoir tourné autour de l’église, traversait le village de bout en bout, au son des cantiques et des piccolos.

Mais voilà que, cette année-là, une femme nommée «Pulposa», voulait organiser un «défilé de Noël» d’un genre «nouveau», le même jour, avec des chars, des majorettes, et des danses «modernes».

Si l’on peut dire, cela était fait dans un tout autre état d’«esprit». Pour le jeune père Christian, 33 ans, le curé du village, ce n’était ni plus ni moins qu’un sacrilège, une profanation.

La demande de Pulposa de pouvoir organiser ce défilé d’un genre très «nouveau» dans les rues de la commune devait être examinée en conseil municipal ce lundi précédant Noël.

Gilbert, le bedeau de l’église, qui servait lors des offices aux côtés du père Christian, faisait partie du conseil municipal et avait bien l’intention de s’opposer, de toutes ses forces, à cette incongruité.

Sous la présidence du maire, le bien-nommé Monsieur Lemaire, le conseil commença et, après quelques banales inscrites à l’ordre du jour et vite réglées, l’on arriva à la question controversée du jour: le nouveau «défilé de Noël».

Monsieur Le Maire Lemaire, après avoir exposé l’objet de la demande, proposa ensuite à une partisante de Pulposa, également membre du conseil municipal mais dans l’opposition, de présenter le projet aux membres du Conseil Municipal.

Celle-ci s’appelait Lolita et, après y avoir été invitée, prit la parole en disant:

- «Notre commune a besoin d’être modernisée. La procession du curé n’attire plus beaucoup de monde en provenance de l’extérieur de la commune. Le commerce local en pâtit. Il est temps d’apporter du neuf et de dynamiser notre ville.

Le défilé de Noël que nous proposons pour l’après-midi du 24 décembre, avec Pulposa, qui a déjà fait ses preuves dans des communes voisines, comporte des chars, des danses, des chants très rythmés. C’est très dynamique. Nous célébrons la fête et le plaisir de vivre.»

Le maire remercia l’intervenante puis se tourna vers Gilbert, le bedeau, en disant:

- «Je suppose que le père Christian souhaite, cette année encore, organiser la rituelle procession de Noël dans les rues de la ville…»

- «Oui, bien sûr!», répondit Gilbert.

- «Et à quelle heure souhaitez-vous démarrer la procession?» questionna le Maire Lemaire.

- «Comme d’habitude, à 15 Heures», répondit Gilbert.

- «15 Heures!» s’exclama Lolita, «mais c’est justement l’heure où nous avons prévu notre défilé de Noël!»

- «Vous n’êtes pas sans savoir» répondit Gilbert, du tac au tac, «que chaque année la Procession de Noël a lieu à 15 Heures!».

- «Je l’ignorais» rétorqua, avec une évidente mauvaise foi, Lolita, «car je n’y vais jamais!».

Le Maire dit alors:

- «Deux manifestations de cette importance dans les rues de la ville ne peuvent avoir lieu au même moment!».

Puis, après un silence:

- «Nous savons tous ici en quoi consiste la traditionnelle procession du père Christian; c’est pourquoi il n’est pas utile de la présenter à ce conseil.

Par contre, nous allons devoir procéder à un vote pour savoir si, le 24 Décembre après-midi, nous autorisons ce nouveau «défilé de Noël» en plus ou à la place de la traditionnelle procession de Noël, existant depuis des décennies ou même des siècles, en tant que tradition religieuse.»

«La question à laquelle les votants vont, tout d’abord, devoir répondre est la suivante:

«Le conseil municipal de Sant Erwan doit-il, oui ou non, autoriser, dans les rues de la ville, le 24 décembre prochain, dans l’après-midi, le «défilé de Noël» tel que proposé et organisé par Madame Pulposa».»

Paméla, la secrétaire du maire, dans le but d’un scrutin secret, procéda alors à la distribution du matériel de vote nécessaire.

Le conseil municipal de Sant Erwan se composait alors de 24 membres en plus du Maire. Une fois les 24 bulletins récoltés dans l’urne, l’on procéda au dépouillement. C’est Paméla qui dépliait chaque bulletin et, à chaque fois, disait «oui» ou «non», tandis que le Maire, qui s’était levé, comptabilisait les «oui» et les «non» avec, à chaque fois, un bâton, sur un tableau blanc.

Le duel – car c’en était déjà un; chacun était conscient, en effet, du fait qu’une autorisation du «défilé» précisément au moment où avait toujours lieu la Procession religieuse de Noël constituait automatiquement, donc de facto, une menace pour cette dernière – s’annonçait serré.

En effet, Paméla dépouillait maintenant les derniers bulletins, l’avant-dernier venait d’accorder un oui supplémentaire en faveur du «défilé», ce qui avait, pour effet de porter le total des «oui» à 12 contre 11 «non». Encore un seul «oui», et le défilé serait autorisé!

Suspense… Ménageant celui-ci, Paméla prit son temps pour déplier, ouvrir et lire le dernier bulletin. C’était un … «non»!, dit-elle en montrant le bulletin à toute l’assemblée. Ouf! Gilbert, jusque-là très oppressé, poussa un soupir de soulagement.

Mais, après ce «match nul», qu’allait-il advenir? La «balle» était remise au centre, rien n’était tranché. Que prévoyait le règlement municipal en pareil cas? Le règlement prévoyait qu’en un tel cas, afin de quand même permettre une issue, la voix du Maire était prépondérante.

C’était justement ce que le Maire voulait éviter!

Pour toutes sortes de raisons, il préférait - et de loin! – que la question soit tranchée par d’autres que par lui, et voilà que cela lui revenait quand même!

C’est alors que la mémoire lui revint:

- «Moi aussi j’ai voté, mais, jusqu’ici je n’ai pas vu que ma voix était comptabilisée…»

- «Et pourquoi donc?», demanda alors, Monsieur Leport, charcutier de son état, rouge de visage, et qui était aussi le chef de file de l’opposition municipale (aux dernières élections, il s’était présenté contre Monsieur Lemaire, mais avait été battu par lui avec 51% des voix en faveur Paul Lemaire contre 49% seulement en faveur de Jack Leport.

- «Eh bien, parce que j’ai voté … blanc!», avoua le Maire en rougissant, un peu embarrassé.

- «Alors, où est votre bulletin?» questionna Jack le charcutier, dont le teint était devenu plus rouge encore.

Tous les regards se tournèrent alors vers Paméla, qui, à son tour, se mit à rougir. Désespérée, elle regarda dans le fond de son urne et y découvrit soudain un petit carré blanc, qu’elle n’avait précédemment pas remarqué du fait que le papier original avait été plusieurs fois pliés, de sorte qu’il était, en apparence, devenu plus petit que les autres. C’était le bulletin de vote du Maire. Elle le prit entre le pouce et l’index, le sortit, le déplia, le plaça devant son regard et enfin dit:

- «Blanc!».

Le maire était visiblement ennuyé, car, du fait de ce fâcheux concours de circonstance, son vote aurait dû trancher le «match nul» et à présent que tout le monde savait qu’il avait voté blanc il lui était devenu très difficile - pour ne pas dire impossible - de trancher!

Alors qu’allait-il faire, Qu’allait-il dire?

Après un soupir, il prit enfin la parole et dit à sa secrétaire:

- «Veuillez enregistrer les résultats du vote pour le procès-verbal de la séance: Oui : 12, Non 12, Blanc 1.».

Et puis il ajouta:

- «Question suivante…».

C’est alors que le charcutier Jack Leport l’interpella:

- «Monsieur le Maire / Lemaire, s’il vous plait, ce n’est pas terminé, quelle conclusion tirez-vous du vote venant d’avoir lieu?».

- «Euh… La manifestation appelée «défilé de Noël» du 24 Décembre est autorisée.»

Gilbert bondit:

- «Mais c’est impossible!».

- «Rien de ce qui a été voté par ce conseil n’est impossible!» répondit le Maire avec dignité.

Puis il enchaîna rapidement sur la question suivante…!

* * * * * * *

Le conseil avait eu lieu le soir. Dès le lendemain matin, Gilbert le bedeau rendit visite au père Christian pour l’informer de ce qui avait été « décidé » lors du conseil municipal de la veille au soir.

Le père Christian était catastrophé:

- «Mais Noël ce n’est pas cela! Ces comportements païens vont complètement désacraliser la Fête!»

- «C’est à craindre, en effet…», acquiesça Gilbert sur un ton très désabusé.

- «Comment le Maire peut-il autoriser au même moment deux manifestations dans les rues de la ville, alors que cette ville est très petite ! C’est juste un gros village!» s’interrogea le père Christian.

- «Je ne sais pas», dit Gilbert. «Qu’allez-vous faire? Maintenez-vous la procession?»

- «Cette question! Comment pouvez-vous me poser une telle question? Croyez-vous que la Croix du Christ va reculer devant un défilé d’idolâtres?»

- «Mais si les deux cortèges, la procession et le défilé arrivent à se croiser dans la rue, que va-t-il se passer?»

- «Cela, Dieu Seul le sait!» répondit rêveusement le père Christian.

* * * * * * *

Après le départ de Gilbert, le père Christian se mit à réfléchir. Il ne pouvait pas attendre le 24 Décembre sans rien faire. Il restait à peine une dizaine de jours… Il se rendit dans l’église, s’agenouilla sur un « prie-Dieu », pria et demanda de l’Aide. Soudain il eut une inspiration!

* * * * * * *

À peine quelques jours plus tard, en circulant dans les rues de la petite ville de Sant Erwan, ce Samedi matin-là, les habitants découvrirent une affiche placardée en divers lieux dont la porte de l’église et les panneaux d’affichage municipaux. Sur une grande affiche à dominante rouge, la population étant conviée à une réunion de réflexion sur le thème «C’est quoi Noël pour vous?».

La rencontre était prévue pour le surlendemain soir, soit le 17 Décembre, juste une semaine avant Noël, qui, cette année-là, tombait un Lundi, dans la salle polyvalente de la ville. Seraient-ils nombreux à répondre à l’invitation?

* * * * * * *

Le père Christian avait obtenu de Monsieur le Maire l’autorisation d’utiliser la salle municipale pour cette soirée sur le thème: «C’est quoi Noël pour vous»?

Il se tenait déjà debout sur la scène et regardait, un peu anxieux, la salle qui se remplissait… Les fidèles de sa paroisse se tenaient dans les premiers rangs, derrière se trouvaient des rangs de personnes probablement plus réservées, dans le fond se trouvaient plusieurs rangées d’individus vraisemblablement plus ou moins hostiles.

Gilbert, le sacristain, était assis au premier rang, prêt à assister son patron, le curé de la ville. À part lui les deux premières rangées étaient réservées pour les « sommités ». Le père Christian ne s’avait pas si le Maire allait ou non venir, mais, au moment où il se posait la question, il l’aperçut qui entrait discrètement dans le fond de la salle.

Vers 21 Heures la salle était pleine et le père Gilbert annonça que la soirée allait pouvoir commencer… D’une grande ville voisine il avait fait venir un philosophe-psycho-sociologue chrétien, afin d’animer les échanges et les débats. Celui-ci s’appelait Jacques Atlante.

Le Père Christian introduisit la soirée en ces termes:

- «Voici plus de deux mille ans que, dans la Chrétienté, notamment occidentale, nous célébrons Noël. Le mot «Noël», qui se dit différemment selon les langues, par exemple «Christmas» en anglais, «Navidad» en espagnol, «Natal» en portugais, «Natalizio» en italien, «Weihnachten» en allemand, signifie notamment «Nativité» ou «Nuit Sacrée».

Ces deux Notions permettent immédiatement de savoir, dans le concept, ce dont il s’agit. Il s’agit donc de célébrer une Nativité particulière survenue au cours d’une Nuit ressentie comme Sacrée. Que cette Nativité avait-elle donc d’extra-ordinaire et de sacrée? Eh bien, il s’agissait, ni plus ni moins, de - annoncée et préparée depuis des milliers d’années -, aussi incroyable que cela puisse paraître, l’Incarnation d’un Fils de Dieu sur Terre.

Cette Venue sur Terre fut une Bénédiction tellement extra-ordinaire que, chaque année, depuis lors, partout sur la Terre, des êtres humains dont la Venue du Christ a complètement changé leur vie, éprouvent le besoin de commémorer et célébrer cet extra-ordinaire événement à la suite duquel un Pied Divin a foulé notre Terre.

Mais comment, aujourd’hui, les êtres humains de notre petite cité vivent-ils cette commémoration appelée Fête de Noël, voilà qui nécessite certainement d’être approfondi. Cela sera certainement utile à chacun et aussi à la municipalité de notre ville, de savoir comment les citoyens de cette ville, les membres de cette communauté, ressentent, de nos jours, la Fête de Noël.

Pour animer la soirée et distribuer la parole j’ai fait appel à un philosophe-psycho-sociologue reconnu, le professeur Jacques Atlante, auteur de nombreux livres sur les spiritualités et les religions et célèbre consultant. Je lui laisse maintenant la place afin qu’il distribue la parole.

Le professeur Jacques Atlante, jusque-là assis au premier rang, monta alors sur la scène en empruntant l’escalier gauche de la scène. Une fois sur la scène, il prit le micro que lui présentait le père Christian et dit:

- Le père Christian, que je remercie de son invitation, ayant déjà dit l’essentiel pour introduire cette soirée et ainsi exprimé sa propre perception de Noël, je propose que nous entrions tout de suite dans le vif du sujet. Qui souhaite démarrer la soirée en s’efforçant de répondre à la question: «Que représente, pour vous, la Fête de Noël?».

C’est alors qu’une jeune femme blonde au regard très candide du troisième rang, habillée avec une robe longue et d’un chemisier blanc très fleuri, se leva de son siège tout en levant aussi la main. Le professeur Atlante lui fit un signe d’acquiescement pour lui donner la parole tout en ajoutant:

- «Allez-y, parlez!».

Se tournant vers la salle, Sabrina, la jeune femme blonde, commença:

- «L’on parle beaucoup de l’«Esprit de Noël» et de la «Magie de Noël». Pour moi, l’«Esprit de Noël» c’est me souvenir du tellement grand Sacrifice fait par Jésus pour venir sur notre Terre déjà bien assombrie pour nous y apporter encore la Lumière. M’en souvenir et remercier. Être dans la Gratitude. Sincèrement me réjouir que, deux mille ans après, nous ayons encore Sa Parole pour nous montrer le Chemin vers notre Patrie spirituelle, le Paradis.

Je ressens aussi que, à cette époque de Noël, chaque année, un Rayonnement spécial de l’Amour de Dieu descend sur la Terre. Si nous y sommes ouverts, c’est précisément ainsi que nous avons la possibilité de ressentir la véritable «Magie de Noël». Un enchantement.

Le professeur Atlante remercia l’intervenante puis demanda qui voulait encore prendre la parole…

 



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1 commentaires

Melchior


03/01/2019 10:45:16

Merci pour ce conte de Noël qui fait du bien, et qui arrive au moment des défilés de gilets jaunes? Une procession est un acte solennel en rapport avec une croyance, tandis que le défilé est une démarche intellectuelle : "Un défilé est un cortège organisé des personnes souvent costumées, des militaires, des manifestants, ou pour des raisons culturelles ou commerciales (défilé de mode), le long d'une rue" Melchior