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Les Pèlerins du Cosmos

Publié le : 17/01/2019 16:20:11
Catégories : Littérature Rss feed


Les Pèlerins du Cosmos


Profondeur du Symbolisme Evangélique


Par Jean Choisel

Présentation - "Le Cycle Evolutif de l'Esprit humain":

"L'Homme, tel que nous le connaissons, étant une créature - une Création de Dieu - il est impossible, si l'on veut s'en faire une juste image, de le séparer de la Création dans laquelle il a pris forme et dont l'existence est absolument fondamentale, au sens littéral du terme, pour sa formation. Car la Création constitue le substratum de l'être humain, tout comme chaque plante et chaque être vivant est, ici-bas, le produit du sol sur lequel il vit.

L'existence de l'homme est donc ainsi subordonnée à l'existence préalable de la Création. C'est la raison pour laquelle le Texte de la Genèse enseigne que furent créés le Ciel et la Terre avec tout ce qu'ils contiennent avant que le Créateur ne formât l'homme de la substance même de la Création. Cette explication de la Genèse se trouve, d'ailleurs, en parfait accord avec les découvertes scientifiques dans le domaine de l'évolution, telle qu'elle s'est accomplie ici-bas.

On sait en effet que l'homme fut le dernier-né dans l'échelle des êtres vivants. C'est pourquoi, afin de montrer comment s'est constitué l'être humain que nous sommes, nous allons être dans l'obligation de schématiser d'abord à grands traits, et en partant d'en haut, la structure immanente et transcendante de la Création.

La Création:

Une formule dynamique d'Aristote à propos de Dieu, formule reprise ultérieurement par Thomas d'Aquin, explique que «Dieu est Energie pure». L'Energie, la Vie, la Lumière Originelle, la Force, la Grâce - peu importe le Nom! - émanent donc de Dieu, de la même façon que de notre corps émanent en permanence un certain nombre de rayonnements. Par exemple, la «chaleur animale», c'est-à-dire le rayonnement calorique (infra-rouge), l'odeur, un magnétisme particulier à chacun de nous, etc.

Il n'est pas davantage possible à l'être Suprême d'exister sans émettre de l'énergie qu'il ne nous est possible de vivre sans que ces diverses émanations s'échappent en permanence de notre organisme. Pour nous exprimer correctement, nous ne devrions donc pas dire que «Dieu est Energie pure», mais qu'll est la Source, pour nous à jamais inconnaissable, de cette énergie, de toute Vie.

Il en est de la Lumière Originelle qui émane de l'Inentéallité Divine comme de la lumière que nous voyons ici-bas de nos yeux de chair, cette lumière n'étant qu'un pâle reflet de la Lumière même de Dieu. La Lumière porte, en effet, en Elle une infinité de potentialités à l'état virtuel. Par exemple, lorsque nous décomposons la lumière solaire par un prisme, nous nous apercevons que cette lumière, qui nous paraît blanche à première vue, porte en elle, mystérieusement invisibles, les sept couleurs de l'arc-en-ciel: violet, indigo, bleu, vert, jaune, orange, rouge.

Comme on le sait, l'analyse spectrographique de cette même lumière matérielle permet de reconnaître bien davantage les caractéristiques multiples de sa source émettrice. De façon analogue, toute la gamme des rayonnements existe à l'état virtuel dans la Lumière Originelle, qui est l'Irradiation naturelle et inévitable de Dieu. Ce sont ces Rayonnements Divins qui sont le point de départ de toute la Création ultérieure. Toute la Création s'est ainsi formée à partir du rayonnement auto-actif de son Créateur.

Elle s'est peu à peu constituée par paliers successifs de condensation, en commençant par les éléments les plus subtils, les plus éthérés, les plus légers, en même temps que les plus actifs et les plus chauds - parce qu'ils sont les plus proches de l'Origine de toute existence - pour aboutir, à l'autre bout du Processus créateur, aux éléments les plus lourds, les plus denses, les plus lents, c'est-à-dire à la matière froide et inerte que nous connaissons ici-bas.

Exactement comme sur le plan terrestre, ces deux gaz très légers et impalpables que sont l'oxygène et l'hydrogène donnent en se combinant ce liquide sensible que nous nommons l'eau, tandis qu'en se refroidissant encore davantage, ce liquide devient à son tour solide en se transformant en glace, qui est dure, compacte et tranchante. Qui songe, à première vue, en considérant un énorme iceberg, qu'il est constitué de ces gaz légers, invisibles et impalpables, que sont l'oxygène et l'hydrogène?

Et pourtant, nous savons qu'en dernière analyse il en est bien ainsi, et que les éléments les plus subtils permettent la formation des plus denses, même lorsqu'il n'y paraît pas à l'oeil nu. De la même manière, dans la structure de la création, les mondes qui sont les plus réels, les plus durables et les plus importants, parce qu'ils sont les premiers formés, sont précisément les mondes spirituels.

Tandis que, parce qu'ils sont beaucoup plus éloignés de l'état principiel, les mondes matériels, physiques, qui en découlent, n'ont pas leur permanence et leur durable réalité. De même qu'il est impossible que se forme la moindre goutte d'eau en l'absence d'une combinaison préalable d'oxygène et d'hydrogène, ainsi, faute de l'existence préalable des plans subtils où se situent les causes initiales, aucun corps physique ne peut se former.

C'est pourquoi Paul de Tarse a pu écrire: «Le Monde est un système de choses invisibles manifestées visiblement». Et pourtant, ce sont précisément ces mondes matériels aux structures complexes que nos modernes matérialistes veulent à toute force considérer comme seuls réels et véritablement existants. Il est vrai que les progrès accomplis dans la connaissance de la structure de la matière conduisent déjà nombre de physiciens à admettre que, au stade où en sont parvenues leurs connaissances, le terme de «matérialisme» a perdu sa signification première.

L'ère du matérialisme exclusif est donc déjà dépassée, et celle d'un spiritualisme raisonné, qui n'a pas encore sonné, approche néanmoins rapidement. Il n'en demeure pas moins que la majorité de nos contemporains en sont restés aux conceptions d'un matérialisme dépassé. Ce que prouvent à la fois leur mentalité et leurs comportements, même lorsqu'ils estiment avoir évolué avec leur temps. Essayons maintenant de nous faire une Image du Processus Créateur. Représentons-nous la Force créatrice émanant de l'lnentéallique en un prodigieux jaillissement de puissance, et projetée dans l'espace cosmique, où elle se répand à des distances incommensurables.

Dans son incandescence et dans la puissance de sa projection, elle est d'un éclat et d'une énergie absolument insoutenable pour tout être vivant. Comme l'énergie solaire est également insoutenable à tout être vivant, dans la proximité de l'astre rayonnant. De même que la lumière solaire porte en elle toute la gamme des autres couleurs fondamentales, et bien d'autres caractéristiques spectrographiques, ainsi la Lumière Originelle de Dieu porte en elle à l'état virtuel toutes les sphères, tous les plans, tous les êtres qui se condenseront ultérieurement et successivement en des distances toujours plus grandes de la Source même du Rayonnement qu'est la Volonté de Dieu, l'Esprit Saint Créateur.

Plus la Force Créatrice de l'Esprit de Dieu s'éloigne ainsi, par sa projection dans l'immensité de l'espace, de son Origine lnentéallique Que Dieu est, plus elle finit par diminuer de Puissance, d'énergie, de Chaleur et d'éclat. Les mots sont impuissants pour donner une image, même approximative, de l'ampleur du Processus créateur. C'est pourquoi il faut essayer de se représenter en intuition, c'est-à-dire de façon imagée, de voir, ce que nous tentons de suggérer au lecteur par des mots, dont la faiblesse et la pauvreté ne nous échappent pas.

Lorsque, dans son Rayonnement, la Force de l'Esprit Saint en vient à susciter la formation de l'étage inférieur des Sphères spirituelles d'où l'esprit humain est originaire, elle est déjà fort affaiblie par l'incommensurabilité des distances qu'elle a parcourues avant d'arriver à ce point de l'espace. Exactement comme ici-bas, également, tout rayonnement s'affaiblit en raison inverse du carré des distances parcourues. Ou encore, exactement comme le rayonnement d'un foyer de combustion diminue, plus on s'éloigne du centre de ce foyer.

Conservons cette comparaison: Au sein d'un tel foyer, dans l'énorme température dégagée, tous les corps qu'il renferme sont portés à l'incandescence, et, par conséquent, ils sont en fusion, comme dans un creuset. Dans le bouillonnement de cette fusion, ces corps se trouvent mélangés les uns avec les autres, c'est-à-dire qu'ils sont encore indifférenciables et indifférenciés dans le magma originel. Plus on s'éloigne du sein de ce foyer incandescent, la température diminuant progressivement, plus les différents corps que renferme le magma se différencient également progressivement.

Car, ceux qui sont capables de se solidifier à des températures plus élevées se déposent les premiers dans la masse en fusion, dès que celle-ci, en se refroidissant, atteint la température qui correspond à leur point de solidification. Les autres, dont la température de solidification est encore plus basse, se déposent, ou précipitent, seulement ultérieurement et successivement. Ce n'est là, bien entendu, qu'une comparaison empruntée à la physique et destinée à visualiser le processus, à faire image. Elle cherche à faire comprendre que les entités spirituelles les plus fortes s'individualisent (= se déposent, ou précipitent) les premières, sous un Rayonnement divin encore très puissant.

Tandis que les plus faibles ne peuvent s'individualiser que beaucoup plus tard, sous un rayonnement (= température) beaucoup moins puissant de l'Irradiation de Dieu. Or, nous avons déjà remarqué que ce Rayonnement diminue d'intensité en proportion de l'éloignement du Foyer Créateur originel. Parvenue, dans son Rayonnement, au niveau de l'étage inférieur des Sphères spirituelles, la Force Créatrice Originelle qui émane de l'Esprit Saint en un prodigieux jaillissement s'est donc déjà bien refroidie, du fait de l'incommensurabilité des distances parcourues.

Aussi n'est-ce qu'à partir de ce point spatial de refroidissement que peuvent commencer à s'individualiser les plus faibles des entités spirituelles. Celles-ci, qui sont encore inconscientes, ne portent plus en elles qu'une étincelle échappée du Foyer de Force créatrice qu'est l'Esprit Saint. Ce sont des étincelles d'esprit humain, comparables à ces étincelles jaillissant des coulées de métaux en fusion, et qui sont constituées par une minuscule parcelle de la coulée dont elles ont jailli.

La différence réside dans le fait que si une étincelle métallique est inerte et sans vie propre, l'étincelle d'esprit humain, émanée de la coulée, ou du flux de rayonnements de l'Esprit Saint est, elle, au contraire, vivante et animée. Du fait de leur faiblesse originelle, ces étincelles d'esprit sont encore inconscientes, comme nos bébés à leur naissance nous montrent également l'image de la faiblesse et de l'inconscience.

Tandis que, dans les Sphères spirituelles supérieures, les entités qui ont pu s'individualiser les premières, parce qu'elles ont une structure différente, deviennent conscientes dès l'instant même de leur «précipitation», c'est-à-dire de leur individualisation. Elles vivent et agissent, dès leur origine, uniquement et exclusivement conformément à la Volonté Divine. Ce que, de toute évidence, l'esprit humain, lui, ne fait pas!

II est, somme toute, assez facile de comprendre que l'Origine de notre esprit nous soit jusqu'à présent demeurée mystérieuse. Car, de même que, ici sur Terre, l'être humain ne peut se souvenir des circonstances de sa naissance, qui ne peuvent lui être racontées que longtemps après par ses parents, lorsqu'il est en âge de comprendre, de même l'esprit humain ne peut se souvenir de son origine spirituelle parce que, tant à son origine spirituelle qu'à son origine terrestre, l'entité humaine est à l'origine tout à fait inconsciente.

Ces étincelles, ou germes d'esprits inconscients, sont ce que nous pouvons aussi nommer des «monades» spirituelles, c'est-à-dire des «grains» que le Créateur projette, par l'Auto-activité de Son Rayonnement, dans la Création, en vue de leur évolution et de leur maturation, comme le symbolise très clairement la merveilleuse «Parabole du Semeur», pour celui qui prend conscience du processus qu'illustre ce symbole. Ces «grains» d'esprits encore inconscients portent, en effet, en eux, une tendance profonde et naturelle à l'évolution personnelle, tendance propre à leur espèce.

Ils portent en eux des virtualités qu'un développement ultérieur pourra faire fructifier, lorsqu'il s'accomplira. Ces virtualités, ou ces innéités spirituelles sont précisément ce «Talent» dont parla  le Certaines personnes sont déroutées par l'expression «germes d'esprits humains inconscients», car ce concept ne leur est pas familier. Qu'elles songent cependant qu'ici-bas notre corps physique est également issu d'un germe. C'est ce germe que l'on nomme l'ovule. Celui-ci, fécondé par un autre germe, le spermatozoïde, donne en se développant l'embryon qui, en poursuivant son développement, deviendra le fœtus, lequel, finalement, à la naissance, constitue le corps humain.

Tout ce que nous pouvons observer physiquement ici-bas n'est, en réalité, qu'un reflet, une reproduction des processus qui s'accomplissent immuablement selon les Lois éternelles de la Création, depuis les Plans supérieurs et jusque dans les plans matériels - donc également sur Terre. C'est bien pourquoi Hermès Trismégiste, le grand initiateur de l'Antiquité, disait avec raison: «Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut. Et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas».

De même que notre corps physique est effectivement issu d'un œuf que l'on nomme l'ovule, de même l'esprit de l'entité humaine est également issu, dans les Sphères spirituelles, d'un «germe» que l'on peut également se représenter sous la forme d'une étincelle d'esprit. Pour faire comprendre les raisons profondes et la nécessité de l'évolution de l'esprit, le mieux est encore d'user d'une comparaison. La voici:

Exactement comme notre œil terrestre ne peut rien distinguer dans l'éblouissement d'une lumière trop forte, de la même manière, le faible germe d'esprit humain ne peut pas prendre conscience de ce qui l'entoure, dans l'éblouissement dû à la puissance du Rayonnement Divin qui vibre sur le plan dont il tire son origine. Et ceci, malgré l'affaiblissement déjà considérable de ce rayonnement, affaiblissement dû à l'incommensurable éloignement de son Origine.

Pour «voir», c'est-à-dire pour apprendre à observer consciemment, il faut donc que le germe d'esprit quitte sa Sphère originelle et descende sur d'autres plans, où le rayonnement de la Lumière créatrice est moins puissant. Il ne peut que descendre pour parvenir à ce but, il ne peut pas monter, puisque plus on remonte vers l'Origine de toutes choses Que Dieu est, plus la Lumière est vive, plus la Force de Dieu est puissante dans Son Rayonnement.

En cherchant à remonter (en supposant que ce soit possible), la «monade» spirituelle serait éblouie, brûlée et consumée dans son éclat, comme tout être vivant s'approchant trop près d'un foyer incandescent. C'est donc seulement en descendant que le germe d'esprit encore inconscient peut parvenir à y «voir clair», c'est-à-dire à devenir conscient de la Création au sein de laquelle il est acheminé vers l'incarnation, parce qu'en descendant le Rayonnement divin est toujours moins puissant.

Ce n'est qu'en descendant qu'il parvient, peu à peu, à distinguer et à reconnaître les Lois Naturelles qui régissent la Création matérielle dans laquelle il est finalement plongé et, par cette expérience personnelle, et par elle seulement, à reconnaître l'Auteur de ces Lois, c'est-à-dire, plus exactement, Sa Volonté, qui s'exprime clairement en elles et par elles.

Car Dieu Lui-même est et demeurera toujours inaccessible non seulement à l'esprit humain, mais même à son entendement. Il suffit de tenter de se LE représenter pour se rendre compte que c'est impossible! En mettant en pratique la Volonté de son Créateur, ainsi découverte dans ces Lois naturelles qui régissent la Nature et toute la Création, l'esprit incarné se développe lentement, comme «le bon grain tombé dans la bonne terre».

Jusqu'à ce que, ayant finalement reconnu sa propre origine transcendante, il se détache enfin de la Création matérielle où il fut plongé «pour y voir clair», et s'élève peu à peu vers ce Plan spirituel de la Création, d'où il partit jadis, ignorant et inconscient comme l'enfant qui vient de naître. étant finalement parvenu à développer en lui les «talents» qui sommeillaient encore dans le germe d'esprit qu'il fut à l'origine (comme l'épi est virtuellement présent dans le grain de blé), il devient ainsi capable de réintégrer «le Royaume» que le Père lui donna.

Mais, alors que son inconscience originelle l'empêchait de rien distinguer dans ce Royaume paradisiaque, à cause de l'éblouissant Rayonnement Divin qui y règne, il lui est, à son retour, devenu possible de jouir consciemment des Beautés qui l'entourent, parce que, grâce au développement de ses facultés spirituelles, il n'est plus ébloui par leur éclat. De la même manière, les yeux de l'enfant nouveau-né sont incapables de supporter la simple lumière solaire, alors que, au bout de quelque temps, après le développement de ses facultés visuelles et de l'éveil de sa conscience, ils le deviendront aisément.

L'acquisition de la conscience par la connaissance des Lois de la Création est le grand thème du «Faust» de Gœthe. Car Faust est une représentation symbolique de l'esprit humain à la «quête» de la connaissance de la Vérité. Il subit les tentations de l'intellect et de la recherche «des pouvoirs». Après bien des avatars, il finit par trouver le chemin du retour, grâce à l'Amour rédempteur que lui inspire Marguerite.

AINSI DONC, L'EMERGENCE DE LA CONSCIENCE DE NOTRE ORIGINE, SPIRITUELLE-INCONSCIENTE, QUI NE PEUT EMERGER QU'AU SEIN DE LA CREATION MATERIELLE PAR LA CONNAISSANCE DE LA VOLONTE NATURELLE DU CREATEUR, EST LE BUT MÊME DE L'EXISTENCE TERRESTRE DE TOUT ESPRIT HUMAIN.

Résumons maintenant tout ce qui précède en deux phrases: - C'est donc parce que, dès son origine, l'esprit humain est trop faible pour naître entièrement développé et conscient qu'il est nécessairement soumis à la forge de l'évolution. - Et cette évolution ne peut pour lui s'accomplir que par la voie descendante de l'involution, voie qui l'a conduit dans les Mondes matériels de la Création, où nous nous trouvons encore actuellement.

L'évolution dans le règne matériel n'est qu'un reflet, une reproduction de l'évolution dans le Règne spirituel. Analogiquement, nous constatons dans la nature humaine, qui nous est physiquement observable, la même nécessité du développement et de l'évolution. Par exemple, la vie terrestre de tout être humain part également de l'inconscience des débuts de la vie pour s'acheminer, à travers une prise de conscience croissante, vers l'âge dit «de raison» et, en passant par la puberté et la majorité, elle continue à progresser jusqu'à la pleine connaissance et à l'expérience de l'âge mûr.

Considérons, en effet, dans quel sens vont toutes les aspirations de l'enfant: il veut devenir «un grand», il veut devenir capable de se gouverner lui-même, devenir indépendant, manifestant ainsi clairement l'aspiration naturelle et normale, spécifique à l'espèce humaine, à l'évolution et à la responsabilité, qui découle de l'émergence de la conscience et de la liberté. Autrement dit, le petit cycle évolutif que parcourt l'être humain au cours d'une seule et même vie terrestre (de la naissance à la mort) est un raccourci, une image et un reflet fidèle du grand cycle évolutif que parcourt le même esprit humain à travers de multiples incarnations.

Car le «germe d'esprit» dont est issu l'homme terrestre, tel que nous pouvons l'observer ici-bas, fut, à son origine, aussi peu développé, aussi dénué d'expérience, aussi ignorant et inconscient que l'est, à sa naissance, un bébé comparativement à l'adulte. «La vie humaine commence dans la nuit de l'esprit» écrit Alexis Carrel, dans un chapitre consacré aux lois fondamentales de la vie humaine, dans son ouvrage intitulé «Réflexions sur la Conduite de la Vie». Et il poursuit: «L'ovule, même quand il contient en puissance le génie de Newton, de Goethe ou de Napoléon, n'est pas très différent des êtres unicellulaires qui, pendant la période archéozoïque du précambrien, représentaient l'humble début des vivants à la surface de la Terre».

Une fois fécondé, l'ovule se divise et engendre l'embryon; et l'embryon devient foetus; l'enfant naît. Mais la nuit continue; elle continue jusqu'à ces moments radieux de la première année où la mère voit se lever, dans les yeux de son bébé, l'aube de l'intelligence. Comme la lumière du matin sous les tropiques, l'intelligence grandit très vite. En quelques douzaines de mois, le petit de l'homme achève la route que les formes vivantes mirent peut-être plus d'un million de millénaires à parcourir dans leur Ascension vers l'Esprit.

Au point de vue mental, comme au point de vue corporel, l'évolution de l'individu présente quelques analogies, comme le supposait Haeckel, avec l'évolution de l'espèce. En d'autres termes, «L'évolution phylogénique de l'esprit semble préfigurer son évolution ontogénique». A l'époque de sa vie où il écrivit ces lignes, la profonde réflexion de ce grand esprit que fut Alexis Carrel ne lui avait pas encore complètement fait découvrir la différence fondamentale qui existe entre les activités mentales et les activités spirituelles. Il la pressentait seulement.

C'est pourquoi il lui arrive encore, comme dans les phrases précédentes, d'utiliser le terme «esprit» pour désigner une activité intellectuelle - ce qu'il ne fera plus à une époque ultérieure de sa vie. Par exemple, il écrivit dans «Réflexions sur la conduite de la vie»: «La société a arbitrairement réduit l'esprit à l'intelligence. (...) Les civilisés se figurent que la culture de l'intelligence équivaut à la culture de l'esprit».

Si nous avons cité Carrel en cet endroit de notre étude, c'est parce que cette évolution qu'il constate n'est elle-même qu'un reflet d'une évolution spirituelle antérieure. Ainsi sommes-nous aujourd'hui amenés à expliquer que l'évolution spirituelle de l'être humain préfigure son évolution ontogénique, celle-ci préfigurant à son tour l'évolution phylogénique de l'espèce.

Mais revenons-en à l'origine de l'esprit humain, à ce Plan de la Spiritualité où sont créés, par l'Auto-activité du Rayonnement de l'Esprit Saint, des germes d'esprits humains encore inconscients dont le désir personnel d'évolution, en devenant, peu à peu, lancinant, puis finalement exigeant, va entraîner le grand «Départ de l'Enfant prodigue», ainsi que le symbolise cette autre Parabole du Christ.

Arrêtons-nous, un instant, à l'étude de cette Parabole, considérée dans cette optique cosmique. Pourquoi, comme tant d'autres contes et légendes, cette Parabole éveille-t-elle en nos coeurs des échos si profonds? C'est parce qu'elle retrace notre histoire à tous. Même si, à cause de la domination permanente de notre intellect, elle n'agit sur notre intuition que de façon diffuse, au fond nous sentons plus ou moins que nous sommes concernés.

Dans la Maison de son Père, le Royaume spirituel, l'Enfant prodigue possédait tous les éléments du plus parfait Bonheur. Pourtant, il aspirait à autre chose. Bien qu'innocent et heureux comme un enfant, il souhaitait acquérir une connaissance personnelle et vécue de ce vaste Monde qui l'entourait, dont les puissants effluves et influences exerçaient sur lui une si forte attraction.

Il n'en va pas autrement, aujourd'hui encore, pour tout enfant. Il souhaitait cesser d'être ignorant et inconscient de la vie. Le désir de connaître devient, peu à peu, plus fort que la bienheureuse innocence dans laquelle vivait l'Enfant prodigue. Alors, il partit à la connaissance du Bien et du Mal, à la découverte du monde. Il quitta la Maison du Père, c'est-à-dire son Plan spirituel originel. Conduit, dès cet instant, vers l'incarnation, autrement dit «ensemencé» dans les champs matériels de la Création, il ne perdit pas de suite son innocence première.

Sa vie commença par y être harmonieuse, aussi longtemps que, sans le savoir, il vivait encore en parfait accord avec les Lois naturelles de son Père, le Créateur de cette Nature au sein de laquelle il vivait. Il continua, en effet, inconsciemment à obéir à ces Lois, comme le font encore aujourd'hui tous les animaux de la Création, lorsque nous, les hommes, ne les en empêchons pas.

Ce fut l'époque du Paradis terrestre, l'âge d'Or de l'humanité. Mais, l'influence du Malin rôdait ici-bas. Elle n'aurait pu l'atteindre dans la Maison du Père à cause de la Proximité toute relative de Ce Dernier. Mais dans les séjours matériels de la Création, les tentations du Malin s'exerçaient et s'exercent toujours sur tout être doté de la faculté de choisir. Or, en tant qu'esprit, l'Enfant prodigue était libre de ses choix.

Le choix se posa à lui de cette façon : continuer à obéir inconsciemment et innocemment à la Volonté du Père, c'est-à-dire aux Lois naturelles de la Création, ou, au contraire, désobéir et connaître enfin aussi ce Mal qui, jusqu'alors, lui était demeuré totalement étranger. Sa conscience, c'est-à-dire la voix de l'esprit qui est en lui, lui disait clairement: «Ne le fais pas!». Par contre, l'intellect, seul instrument par lequel le Malin pouvait l'influencer, lui murmurait: «Essaye, alors tu connaîtras aussi le Mal et tu seras comme Dieu!». Avec Eve, il succomba.

Développée à l'instigation du Malin (de Lucifer, le porteur des lumières de l'intelligence), la voix de l'intellect devint, peu à peu, la plus forte. Ils désobéirent. La voix de l'esprit (la conscience) fut écartée, réduite au silence, subjuguée. L'intellect est un merveilleux instrument pour la domination du monde matériel. Ils ne tardèrent pas à s'en apercevoir. Il fallait donc le développer, le perfectionner sans cesse et les descendants du premier couple humain n'y manquèrent point.

Ce faisant, ils développèrent l'instrument cérébral qui en est le moteur. Toujours sous l'active influence du porteur des lumières de l'intelligence (Lucifer), en utilisant sans cesse leur cerveau, ils le développèrent en volume et en qualité. Cela aussi, c'était bien! Mais ce qui ne le fut pas, c'est que, dans la mesure même où ce merveilleux instrument cérébral fut si bien perfectionné, l'essentiel au coeur des enfants prodigues, la voix de leur esprit, leur conscience, à force d'être écartée de la direction générale qui lui revient, à force d'être refoulée, étouffée, piétinée, crucifiée par l'intellect devenu dominateur et tyrannique, finit par s'éteindre au plus profond des êtres.

C'est ainsi qu'ils finirent même par oublier de Qui ils sont les enfants. Ils ignorent même qu'ils sont esprit et ils le prouvent en confondant sans cesse leur esprit avec leur intellect. Ayant perdu le contact avec leur essence véritable, ils finirent par ne plus obéir qu'aux seules injonctions de leur intellect. Certes, avec son aide, ils édifièrent de hautes civilisations. Mais, toujours, elles s'effondrèrent dans d'épouvantables débâcles parce qu'il y manquait l'essentiel: la conduite de l'esprit qui, seule, eût pu leur faire éviter les plus fatales erreurs.

Alors, les enfants prodigues devinrent de plus en plus malheureux et misérables, et ils pleurèrent souvent leur innocence perdue. C'est ici que se place un événement d'importance capitale. La Parabole l'exprime ainsi: «Il rentra en lui-même». Qu'est-ce à dire: «Il écouta en lui-même»? Et il entendit - oh bien affaiblie! - la voix de l'esprit effondrée au fond de lui. Il entendit l'Appel des lointains Séjours lumineux d'où il vint, l'Appel du Pays natal, de la Maison paternelle. Et la Nostalgie des Séjours bienheureux s'empara de lui. Alors il prit une ferme résolution: «Je me lèverai et j'irai vers mon Père!». Sans doute, le chemin est-il long celui qui le reconduira dans sa chère Demeure, mais longue aussi a été la pente qui l'en a éloigné.



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